49*3              MEMOIRES DE PIERRE DE L*ESTOILE.
marri de sa conversion, mais qu'il le Feust voulu tenir en paradis par la main; et que c'eust esté un grand bien pour la France.
Commolet prescha nostre maistre Benoist; dit que si la justice eust valu quelque chose en France, il eust esté pendu il y a long - temps ; mais qu'elle ne valoit rien, non plus que lui.
Boucher à Saint-Marri prescha que'le Roy alloit le jour à la messe, et la nuit au presche. Sur quoi on dit que Boucher estoit un oison qui preschoit des oisons; et que le Roy avoit assez d'une religion sans en prendre deux : voire quand il n'en eust eu que la moictié d'une, ce n'eust esté que trop pour lui.
Guarinus fait des contes en sa chaire de la conver­sion du Roy, et de maistre Guillaume estant à la fe­nestré , qui lui tiroit la langue et se moquoit de lui. Dit qu'il tourna le dos à l'evesque de Nantes quand il vinst pour lui donner de l'eau beniste. Et une infinité d'au­tres sornettes, qui faisoient rire le peuple à gueule bée.
Puis se mettant sur les trois docteurs de Paris qui l'avoient instruit, dit que celui de Saint-Eustace avoit esté convaincu de vingt-cinq heresies, celui de Saint-Marri de quinze , et celui de Saint-Supplice de huit.
Aprés, il se mist à crier contre ceux qui avoient accordé la treufve; dit que c'estoient des sots et des badins, et que desja on attiltroit les petits enfans pour crier aprés eux au regnard. Apela le duc de Maienne un pipeur et un trompeur, qui se couvrait du manteau de la religion pour parvenir au but de son ambition. De quoi madame de Nemours se plaind fort, et dit ce jour au medecin Marescot que Guarinus avoit appelé
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